Simone Alizon
Résistante et déportée
24 février 1925 – 2 décembre 2013
Née le 24 février 1925, Simone Alizon a une grande sœur, Marie. Simone est jeune et d’une santé fragile depuis sa naissance. Elle est même envoyée dans la campagne rennaise quelques années pour grandir. Puis elle revient vivre avec Marie et leurs parents, Jean-Marie et Marie, qui tiennent un hôtel à Rennes, avenue Barthou, juste à côté de la gare. Simone passe de nombreux séjours dans une clinique tenue par des religieuses. Elle reviendra vivre avec la famille, fin des années 30. Les deux sœurs se rapprochent, s’intéressent à ce monde bouleversé qui les entoure.
Quand la guerre éclate, Simone n’a pas 15 ans. En mars 1941, un réseau de résistance se développe en Bretagne : le réseau « Johnny ». Il répond à une priorité absolue de l’état-major britannique : surveiller les mouvements ennemis sur le littoral breton. Dès mars 1941, le Général de Gaulle, à Londres, renvoient en Bretagne deux de ses agents qui se nomment Robert Alaterre et Jean Le Roux. Les anglais appellent ce nouveau réseau « Johnny », comme Jean !
Le réseau va se développer, Robert et Jean sont dans le Finistère et recrutent plusieurs agents pour informer Londres des mouvements de navires allemands. Ils permettent aussi de transférer des
agents et du matériel (postes radios) entre la France et l’Angleterre.
Mais l’Abwehr, le contre-espionnage militaire nazi, parvient à infiltrer les agents. Le réseau est repéré, il déménage du Finistère pour Rennes, Nantes, Rouen, Paris. C’est à Rennes justement, qu’en octobre 1941, Simone, au nom d’agent « Poupette », et sa sœur, Marie agent « Mariette », intègrent le réseau. Un responsable du réseau, en transit sur Rennes, s’était retrouvé dans l’hôtel des Alizon, et le voyait comme un lieu idéal pour cacher des agents. Marie accepte la mission, et va prévenir Simone qui la suit aussitôt. Les deux jeunes filles reçoivent des informations codées qu’elles transmettent aux opérateurs radios cachés dans l’Hôtel de leurs parents. Elles cachent des agents dans la cave de l’hôtel.
Mais en février 1942, plusieurs agents du réseau Johnny sont arrêtés à Rennes. Marie et Simone, qui ne voulaient pas fuir et laisser leurs parents, dont une mère très malade, seront également arrêtées par la Feldgendarmerie les 13 et 17 mars. Elles sont incarcérées quelques jours à la prison de Rennes, isolées, interrogées, puis envoyées à la Prison de Frênes, où elles seront mises à l’écart et interrogées durant 8 mois. Elles ont l’autorisation de recevoir 2 lettres par mois, et c’est ainsi, juste avant d’être déportées, qu’elles apprennent de leur père le décès de leur mère le 5 juillet 1943.
Elles sont peu de temps après dirigées au Fort de Romainville, puis déportées à Auschwitz le 23/01/1943. Simone est tatouée de l’immatriculation 31 776. Comme tant d’autres femmes faisant partie du même convoi, elles sont entassées à 1000 détenues dans un block, avant d’être envoyées dans des kommandos de travail. Les sœurs ne se lâchent pas, se protègent. Marie va mal, elle est atteinte de dysenterie, ses jambes sont gonflées, une otite non-soignée s’aggrave… Elle meurt d’épuisement le 3 juin 1943.
Simone lui survit, elle est protégée par Charlotte Delbo, femme de lettres qui la prend sous son aile, ainsi que 4 autres camarades. Ensemble, elles vont s’accrocher. En mai, elles sont affectées comme jardinières au camp de travail de Raïsko. Le 7 janvier 1944, elle est envoyée dans un autre camp pour travailler dans une mine de sel.
Simone est libérée quand les camps sont évacués. Elle passe de train en train, transite quelques temps en Suède où elle est soignée, avant de rentrer en France en juillet 1945. Elle conservera toute sa vie de lourdes séquelles de la déportation. Et ne fera le deuil de Marie que 50 ans après, écrivant « L’exercice de vivre », pour elle.
Simone, mariée à Jean Le Roux, du réseau Johnny, fut Chevalier de la Légion d’Honneur et porteuse de la Croix de Guerre. Une rue porte son nom et celui de sa sœur, à Rennes. Elle décède le 2 décembre 2013, après avoir témoigné sans relâche sur l’horreur de la guerre. Elle est inhumée au
cimetière de l’Est. Le docteur Jérôme Blanchet dira d’elle : « Elle ne s’est jamais laissée dicter quoi que ce soir. Elle avait une soif de vie. Simone était intéressée par le monde qui l’entoure, elle avait de lui une vision juste ».